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Notation agogô

Ce manuel est aussi téléchargeable en PDF sur le groupe facebook :
Agogô Gera Felicidade
sous la rubrique [Fichiers] avec les sons et le paroles dans une archive *.zip

Agogô - Manuel de notation du code


La date précise des premières écritures musicales de l'histoire de l'humanité est difficile à définir, néanmoins, on peut dire que le besoin de représenter la musique par un système de notation s'est manifesté dans la plupart des civilisations qui connaissaient une écriture (source). Le code du système musical occidental s'est développé au Moyen Âge et plus tard sera appelé solfège, c'est de ce dernier que nous allons nous inspirer pour noter l'agogô, néanmoins il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances en solfège pour comprendre cette notation.

Bien que le samba soit une marche qui se note à 2 temps, il est coutume par facilité de le noter à 4 temps du fait que certaines phrases ou tournes sont des cycles de 4 temps, comme pour la caixa, la cuica ou le surdo de 3e. Nous suivrons donc cette coutume.

Les temps du samba sont divisés généralement en doubles-croches, parfois en triples-croches entre autre pour le répinique. Mais contairement à l'agogô 2 tons qui peut utiliser le pincement des cloches pour faire un son supplémentaire, l'agogô 4 tons ne peut pas, ou très difficilement, remplir les 4 doubles-croches d'un temps voire même de jouer 3 doubles-croches consécutives. Une mesure à 4 temps de 4 doubles-croches se noterait ainsi : [xxxx xxxx xxxx xxxx] et serait valable surtout pour les tamborin, les caixas ou les chocalhos. Voici un exemple de notation rythmique basique de la tourne de l'école Grande Rio :

[-x-x x-x- x-x- x-xx]

Ah ! mais l'agogô fait 4 notes puisqu'il a 4 cloches de tailles différentes, alors il faut aussi les renseigner, et c'est là que ça se complique : quelques sambistes urluberlus ne connaissant pas le solfège ni la logique qui voudrait qu'on numérote du bas vers le haut et/ou du grave vers l'aigu, comme les touches d'un piano ou les lignes d'une portée musicale, ces sambistes donc on décidé sans questionner personne avant, de noter de cette façon :



Comme ce sens de notation des cloches s'est répendu, que tout le monde y est habitué et qu'il serait difficile de tout réencoder à l'envers, c'est donc celui-ci que nous retiendrons, disons que c'est l'ordre des cloches par taille de la plus petite à la plus grande ; notre tourne Grande Rio devient alors :

[-1-1 1-2- 2-3- 3-43]



explication :




Simplification

En solfège pour les percussions dans certains cas, on ne note pas tous les silences, mais seulement les notes comme si elles avaient une durée ; exemple avec notre tourne Grande Rio :

MAUVAIS


BON


Les notes simplifiées sont celles tombant sur des temps ou des demi-temps, autrement dit celles qui ne s'appuient pas sur les 2e et 4e doubles-croches ; ici ce sont les 4 croches des 2e et 3e temps, ce qui fera pour notre tourne :

[-1-1 12 23 3-43]

les 1er et 4e temps ne peuvent pas être simplifiés, nous verrons ça juste après.

De la même façon une seule note sur chaque temps
[4--- 3--- 2--- 1---]
sera simplifié en
[4 3 2 1]
et les notes sur le « et » du temps (le demi-temps)
[--1- --2- --3- --4-]
deviendront
[-1 -2 -3 -4]

les silences subiront la même simplification
[4--- ---- --2- ----]
sera simplifié en
[4 0 -2 0]
la cloche numéro zéro est celle qui ne fait aucun son, et pour une mesure vide, au lieu de
[0 0 0 0]
nous écrirons
[0]

exactement comme en solfège où une seule figure de silence rempli une mesure vide : une pause.



Tu l'auras compris, simplifions le plus possible tout ce qui peut l'être.

Les formules rythmiques non simplifiables seront toujours des temps contenant la 2e et/ou la 4e double-croche, exemple avec la cloche 2, et les doubles-croches concernées en rouge :

-2-2
--22
---2
2--2
22-2
-22-
222-
-222
22--
-2--
2-22


les 7e et 8e cas sont théoriques, car il est très difficile de faire trois doubles-croches de suite à l'agogô 4 tons.

L'avantage de la simplification est qu'elle permet de reconnaître du premier coup d'oeil les temps simples composés seulement d'un silence ou de notes sur les temps et/ou sur les demi-temps, par rapport au temps complexes non simplifiables.
Un exemple de motif assez courant, qui avec le swing donne un effet d'accélération :

[4--3 -2-1 0 0]



La phrase Afoxe sur les 2 cloches aiguës :

{[11-2 -22- 11 22]x}



les 2 premiers temps complexes non simplifiables, les 2 derniers en croches.
Oui, mais... c'est quoi ces crochets et ce ixe ?
- c'est pour indiquer que c'est une phrase, une tourne ou un motif qui est repris-e (qui se répète) un certain nombre indéfini de fois ; si on veut un nombre défini de reprises, il suffit de l'ajouter après le ixe, exemple :

{ {[-2-2 12 3-43 -2-3]x3} [-4-3 23 4--3 -2-3] x}



la première mesure est reprise 3 fois, puis 1 mesure différente, le tout repris un nombre indéfini de fois, jusqu'au prochain arrêt ou blocage.
C'est la tourne agogô Mangueira 2013, dans une version modifiée et augmentée par Geraldão, ancien mestre du groupe Sambatuc de Paris, et diretor agogô du Bloco de Paris.

Par défaut, une reprise sans indication signifiera x2 :

{[-4 12 3-43 0]} = {[-4 12 3-43 0]x2}




Les triolets

Le triolet est dans une métrique binaire, un groupe de 3 notes remplaçant exceptionnellement la valeur de 2 mêmes figures de notes, exemple : 3 croches à la place de 2 croches, ou 3 noires à la place de 2 noires. Pour une mesure de triolets de croches nous auront donc [xxx xxx xxx xxx] à la place de [xx xx xx xx]. Pour une mesure de triolets de noires, comme il n'y aura que 6 notes dans la mesure et que les triolets sont toujours groupés par 3, nous devrons la partager en 2 : [xxx xxx] à la place de [x x x x].

Pour attirer l'attention du lecteur, il serait possible de souligner les groupes de 3 notes :
[xxx xxx xxx xxx] pour les triolets de croches
[xxx xxx] pour les triolets de noires
voire même de passer les triolets de noires en gras si cette option n'est pas déjà utilisée : [xxx xxx] ou de les mettre en majuscules : [XXX XXX] ou les trois à la fois : [XXX XXX]
Mais avec l'habitude, il sera facile de se passer de ces derniers artifices, la notation n'étant de surcroît pour l'apprentissage d'un arrangement agogô, qu'une aide visuelle qu'il sera bon de toujours accompagner d'une version sonore.


Mesures mixtes

Il peut arriver qu'une mesure contienne des temps binaires de base et des triolets, dans certains cas il faudra appliquer la règle qui veut que, contrairement à ce que croient certaines personnes, dès qu'on a fini d'écrire en ternaire, on repasse en écriture binaire de la signature rythmique originale, exemple :

pour les triolets de croches on écrira pas
[444 3-- 222 1--]
mais
[444 3 222 1]



pour les triolets de noires on écrira pas
[432 1--]
mais
[432 1 0]
car la cloche 1 n'étant suivie d'aucune autre note complètant le 3e temps, elle n'est donc pas la première note d'un triolet, mais la seul note d'un temps binaire par défaut ; de surcroît le silence du 4e temps sera plus facile à poser rythmiquement pour se préparer à une éventuelle suite de l'arrangement, par exemple pour prendre une respiration qui sera aussi visuellement un geste musical.

Arrangement agogô pour une « vague » en triolets de noires :

{[432 123][432 1 0]x}




Reprises (répétitions) avec boîtes

Dans cet arrangement :

[23-4 -32- 4-32 -4-3][-2-1 0 32 1][111 222 333 4][23-4 -3-2 0 1]
[23-4 -32- 4-32 -4-3][-2-1 0 32 1][111 2 333 4]
[12-3 -2-1 -2-3 2][234 3 0]


on s'aperçoit que les groupes de 2 mesures ici en rouges son identiques, mais qu'ils sont suivis par des mesures différentes la 1ère et la 2e fois, nous allons donc ouvrir des boîtes pour ces deux suites différentes, et ne conserver qu'une seule fois les groupes de mesures identiques.
Si nous schématisons les mesures par les numéros dans l'ordre duquel elles sont jouées, nous aurons :

{[1/5][2/6]
#1 [3][4]}
#2 [7][8][9]


après avoir joué les mesures 1 et 2, nous jouons les mesures 3 et 4 de la boîte #1, après la mesure 4, le crochet nous indique qu'il faut reprendre les mesures 1 et 2 qui deviennent les mesures 5 et 6, puis nous sautons à la boîte #2 pour continuer avec les mesures 7, 8 et 9. L'arrangement deviendra ainsi :

{[23-4 -32- 4-32 -4-3][-2-1 0 32 1]
#1 [111 222 333 4][23-4 -3-2 0 1]}
#2 [111 2 333 4][12-3 -2-1 -2-3 2][234 3 0]




Une boîte peut aussi contenir une reprise, dans ce cas il faudra aérer les crochets pour bien les différencier, exemple schématisé par les n° de mesures, les couleurs n'étant ici que pour l'explication :

{ [1/9][2/10][3/11][4/12]
#1 {[5/7][6/8]x2} }
#2 [13][14][15]


15 mesures jouées pour 9 mesures écrites ; nous voyons aussi qu'il n'est pas interdit de renseigner exceptionnellement par précaution, x2 pour la reprise de la boîte #1 pour attirer l'attention du lecteur.


Autres simplifications

Les tournes d'écoles dans les sambas enredo étant souvent longuement reprises, il suffit de renseigner le code une fois en haut de la page, exemple :

[T] = [-1-1 12 23 3-43]

et dans l'arrangement agogô du samba, écrire seulement la simplification :

{[T]x9}

même pour la tourne Portela qui commence toujours tronquée,
{[T]x9}
signifiera :
[0 -3 43 2-11]{[-2-2 23 43 2-11]x8}



par contre une mesure de tourne coupée (ou courte) à la fin d'une série de reprises, doit être séparée, exemple toujours avec Portela :

{[T]x9}[-2-2 23 4 0]

mais nous pourrions aussi imaginer une simplification : [TC] quand la coupure de la mesure est celle la plus couramment utilisée.

Un blocage est toujours adapté à la tourne en cours, qu'elle soit d'un samba enredo ou d'un show de bateria, s'il n'est pas écrit spécifiquement pour un arrangement, une simplification s'impose :

[B]

Et osons prendre exceptionnellement quelques libertés, exemple si le 4e temps (souvent rempli par les répiniques) d'une mesure de blocage joué par l'agogô, est le début d'un arrangement :

[B 1][23-4 -32- 4-32 -4-3][ etc.



L'arrangement sur 1 tour du samba enredo :



Texte en PDF

Portela 2015 - Agogôs

1er couplet « Oh meu rio » :
{[T]x7}[-2-2 23 43 2-12]

1er refrain « E eu daqui » :
{ [0 -2 12 3-43] {[-3-3 -33- 21 2-34]x3} x2}

2e couplet « A natureza » :
{[T]x7}[-2-2 23 4 0]

2e refrain « Eu vi » :
{[11-2 -22- 11 22][11-2 -22- 11 2]
[43 23 4--3 0][43 23 43 2]x2}
{[11-2 -22- -3 43][11-2 -22- 34 3]x2}
{[11-2 -22- 33 44]x3}[11-2 -22- 3 1]

3e couplet « Vem amor » :
[2 -2 12 3-43]
{[0 21 2-34 -3-2][-3-- -2 12 3-43]x2}
[0 21 2-34 -3-2]
{[-3-- 0 444 333][2- 21 2-34 -3-2]x2}
[-3 0 12 34]
{[-2 12 3-43 -2-3][-4-- 0 12 34]x2}
[0 444 333 444][222 444 1 0][1 -2 12 3-43]
[0 21 2-34 -3-2][-3-- -2 12 3-43][0 1 2 0]

3e refrain « Sou carioca » :
{[T]x7}[-2-2 23 4 4--3]
{[0 0 0 4--3][-2-1 23 4 4--3]x3}
[0 0 0 4--3][0]


Précisions : Je ne suis pas l'inventeur de ce mode de codage et je ne sais pas qui l'a inventé, mais à force de l'utiliser, j'ai ressenti le besoin de le simplifier au maximum et de l'améliorer, aussi dans le but de pouvoir l'écrire le plus gros possible pour pouvoir le lire sans lunette en jouant rire

Mizu LOEB, octobre 2016

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