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Vécu du 14 fév. 1900

Pique-Nique à Hanging Rock
Peter Weir 1975

Peter WEIR - Australie, 1975, couleur, 103 minutes
d'après une nouvelle de Joan LINDSAY


J'avais déjà écrit une critique sur allocine.fr (28/03/2005) les autres sont aussi très ressenties.
Je vais tout reprendre et amplifier après avoir re-re-revu ce film grandiose, extraordinaire, magnifique, envoûtant, incontournable.

Le site officiel du site touristique www.hangingrock.info avec une page dédiée au film a disparu, sniff, j'ai retrouvé ça à la place sur www.visitmacedonranges.com à vérifier s'il est comme l'ancien : très riche avec la bande annonce, des photos... et même une pré-version du film par un jeune auteur (comme quoi la nouvelle de Joan LINDSAY a bien allumé les esprits) et la page pour explorer Hanging Rock pour y retrouver des lieux du film ?

tout le script sur www.script-o-rama.com

Un site en allemand sur lequel on pouvait entre autre écouter des extraits musicaux de la bande originale du film, aussi disparu.

Ce grand chef d'oeuvre s'exprime sur plusieurs niveaux ou langages :

- Pictural pour la beauté des images colorées comme des tableaux
- Sonore pour la beauté des musiques et leur rôle de renforcement des images et des sentiments des personnages
- Socioculturel pour la dénonciation des inégalités des classes et de la grandeur et décadence d'une vieille culture colonisatrice
- Science fiction pour les phénomènes étranges, surnaturels, telluriques et paranormaux non dissimulés, typiques de l'univers de Peter Weir ; pour comprendre il faut voir le film "La dernière vague" du même auteur qui montre bien que les pouvoirs magiques de la culture aborigène d'Australie sont toujours là.

Peu de paroles, beaucoup d'expressions de visages et de mise en images des scènes, on dirait que les acteurs correspondent exactement au personnage qu'ils jouent, si naturellement.
Ce film permet aussi beaucoup de libertés d'interprétation, on peut imaginer des choses qui sont seulement mimées ou pas complètement dites, ainsi quand j'ai revu ce film en DVD j'ai eu l'impression que des scènes ont été coupées par rapport à ma découverte au cinéma à Paris, France, je dirais où à ce moment là, mais j'avais peut-être seulement imaginé.
Il y a sur youtube.com une vidéo des scènes coupées au montage, mais je n'y ai pas retrouvé celles de mon imaginaire.

Le coffret de 4 DVD édition française est très bon, avec 3 autres films de Peter Weir : "La dernière vague" 'Les voitures qui ont mangé Paris" et "Le plombier" base de toute bonne filmothèque.
Mais surtout, éviter la version française, le ton des doublages bien trop français, la qualité du son comme si c'est un film des années cinquante, et les traductions beaucoup de n'importe quoi, même si on peut comprendre qu'il faille que les mots aillent avec les mouvements de la bouche, tout le charme anglais a disparu.

Le 14 février 1900, des étudiantes du collège Appleyard pique-niquent à Hanging Rock près de la Chaîne De Macedone dans l'état de Victoria en Australie. Au cours de l'après-midi plusieurs membres du groupe disparurent sans laisser de trace.

Picnic at Hanging Rock - Intro

Picnic at Hanging Rock - Titre

Ce que l'on voit... et ce que l'on perçoit... n'est qu'un rêve... un rêve dans un rêve.

Flûte de pan : Gheorghe ZAMFIR, Orgue : Marcel CELLIER
Titre du morceau original : Doina, Sus Pe Culmea Dealului


Au début du vingtième siècle, dans une institution de jeune fille d'une société colonisatrice imbus d'un esprit de supériorité traduit dans la certitude d'être porteuse de civilisation, mais tellement décadente, on ne peut enseigner aux élèves que des principes traumatisants.
Souvent, quand j'étais petit et pas sage, ma mère me menaçait de me mettre en pension.
Toutes ces jeunes filles de bonnes familles qu'on met dans une pension pour les formater et qui après seront peut-être mariées avec un homme qu'elle n'ont pas choisi, c'est criminel. Et d'ailleurs on pourrait se demander pourquoi ces bonnes familles anglaises envoient leur fille dans une institution si loin en Australie.
Dans ce film on verra la réaction des adolescentes bridées utilisant le surnaturel du lieu pour s'échapper du cadre, du carcan qu'on leur a imposé, et dénoncer une culture colonialiste dégénérée qui garde encore tabou beaucoup de problèmes socioculturels comme la différence des classes, les enfants abandonnés et les traumatismes qu'ils subissent dans les orphelinats, le sexisme comme le fait même de séparer les filles et les garçons dans l'enseignement, basé sur des préjugés religieux de la sexualité qui est une aberration, créant une promiscuité qui pourrait être propice à faire naître des désirs homosexuels, surtout quand les filles sont très belles et ont l'âge de la puberté ; c'est la cas ici, Sara est amoureuse de Miranda, elle lui écrit des poèmes d'amour :

Picnic at Hanging Rock - Miranda et Sara

« Retrouvez-moi, mon aimée, quand la nuit voit le jour. J'aime en vous votre grâce bien née, vos yeux intenses et brillants, la douceur de votre sourcil froncé, votre tête si fièrement portée. Je vous aime, non pour votre blondeur, plus douce qu'un duvet, plus veloutée que l'air, ni pour l'étincelle amoureuse qui dans vos yeux luit, malicieuse. Sans doute par ces mots l'aurez-vous deviné, je vous aime parce que vous m'aimez.»

La vie entre filles et ses charmes, nouage des corsets à la chaîne

Picnic at Hanging Rock - Nouage des corsets

Confidences complices

Picnic at Hanging Rock - Confidences

Le 14 février c'est la Saint-Valentin, cette fête cucul héritée du traumatisme du romantisme du dix-neuvième siècle, avec tout son cortège de conceptions malades comme la fusion passionnelle des individus, l'amour éternel et la fidélité.
Qu'est-ce que peuvent produire de tels concepts dans les esprits d'adolescentes vierges, en pleine puberté qui donc n'ont aucune expérience amoureuse ni sexuelle concrète, en tout cas pas avec des hommes ?
Un idéal inaccessible symbolisé par un petit ange asexué, des pulsions réprimées culpabilisées et diabolisées par les cultes judéo-chrétienne-islamique repimenté à la sauce morale victorienne anglaise inspirée du vieux fond puritain de la bourgeoisie. Dans une telle société si pleine de contradictions, ce sont les enfants qui sont les premiers à réagir au poids socioculturel étouffant.

Les filles se préparent à partir à un pique-nique. Comme c'est mignon et tendre ces petite filles dans leur chambre avec leurs petits objets fétiches sur les meubles exactement comme Sarah dans Labyrinth

Miranda : « Un jour Sara, je t'emmènerai à la ferme de mes parents, dans le Queensland, je te présenterai ma douce et si drôle famille, ça te plairait ? »

Acquiescement de Sara par un oui mimé d'un mouvement de tête, les yeux clos, traduisant le transport de joie d'un rêve inespéré.
Mais Miranda lui dit qu'elle doit apprendre à aimer quelqu'un d'autre qu'elle, ce qui semble impossible pour Sara, son coeur se brise. Et Miranda d'ajouter : « Je ne serais plus là très longtemps » s'apercevant au même moment, troublée et surprise, que cette phrase venait d'une dimension profonde d'elle-même comme d'une voix intérieur, et croyant un moment avoir dit une chose insensée... et pourtant.

Les filles descendent toutes de leurs chambre en tumulte, tout de suite réprimées par une professeur très coincée et rigide Miss Lumley qui les menace par procuration d'être privées de la sortie au pique-nique par la directrice Missis Appleyard, si elles ne se comportent pas avec plus de grâce et moins de bruit.

Picnic at Hanging Rock - Tumulte escalier

Mademoiselle de Poitiers referme le cortège avec Sara aussitôt retenue par Miss Lumley qui lui rappelle que Missis Appleyard l'a privé de sortie au pique-nique, qu'elle non plus n'y va pas, et elle lui dit ça avec un petit plaisir de la voir souffrir, Sara doit être sa souffre douleur.

Picnic at Hanging Rock - Sara et Miss Lumley

Après le déjeuner les filles toutes excitées attendent l'heure du départ, appartées, danse en chantant "Frère Jacques" en français ; Mademoiselle de Poitiers doit être une professeur de littérature voire de français, elle parle souvent aux fille en français : « Tais-toi Irma, Miss Mc Craw vient d'arriver »

Picnic at Hanging Rock - Mc Craw vient d'arriver

Miss Mc Craw, vieille fille un peu allumée, est la professeur de sciences, menue, masculine, énigmatique, de quoi les filles doivent-elles se cacher devant elle ?

Rassemblement devant les marches du perron, la voiture et le chauffeur arrivent

Picnic at Hanging Rock - Rassemblement

Missis Appleyard donne les consignes

Picnic at Hanging Rock - Consignes

comme il va faire très chaud (l'Australie c'est l'hémisphère sud, février c'est le mois d'août de l'hémisphère nord) les filles pourront enlever leurs gants quand la voiture aura passé le village de Woodend (des fois que des hommes lubriques les regardent) le rocher est extrêmement dangereux, toute exploration est interdite (n'importe quelle sottise de garçon manqué en matière d'exploration) même sur les pentes inférieures, le rocher est renommé pour ses serpents venimeux et fourmis toxiques de diverses espèces, il est cependant une merveille géologique, les filles auront à faire un compte-rendu pour lundi matin (le 14 février 1900 tombait un mercredi) ... et avoir un comportement qui fait honneur au collège : que de la bonne morale bien rigide. Le retour est prévu pour huit heure du soir.

Sara qui est punie, les regarde partir de la terrasse

Picnic at Hanging Rock - Sara sur la terrasse

La voiture passe la porte d'entrée du parc, la plaque sur la grille en gros plan

Picnic at Hanging Rock - Plaque grille d'entrée

Le prélude en Do Majeur du premier livre du clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach pour illustrer le sentiment de plaisir sautillant contenu par les filles d'aller à un pique-nique.

Miss Mc Craw la professeur de science fait ses réflexions philosophiques beaucoup moins romantiques :
« Nous faisons ce pique-nique pour le plaisir, et bientôt nous seront à la merci des serpents et des fourmis ; que la nature humaine peut être stupide »
On fait beaucoup de choses soit-disant pour le plaisir, mais qui nous détruisent au lieu de nous construire.
La voiture traverse le village accompagné par les acclamations des enfants excités comme d'une attraction foraine qu'on voit rarement.
Arrivée près du rocher, le chauffeur Mister Hussey qui n'y connaît rien en géologie :
« 150 mètres de hauteur, roches vocaliques, plusieurs milliers d'années »
Correction de Miss Mc Craw et cours détaillé sur Hanging Rock pendant lequel elle rentre dans un état méditatif, le regard tourné vers sont monde intérieur scientifique comme dans un rêve éveillé, un envoûtement dont elle sortira en sursautant

Picnic at Hanging Rock - Cours Miss Mc Craw

Hanging Rock veut dire Roche accrochante, parce comme l'explique la professeur de sciences Miss Mc Craw, ce rocher est beaucoup plus jeune géologiquement que tout le massif montagneux voisin, 1 million d'année, c'est une jeune formation rocheuse, les massifs qui l'entourent sont vieux eux de 300 million d'années, Hanging Rock c'est de la lave siliceuse, des trachytes de soude propulsées à l'état visqueux, et donc assez jeune du point de vue géologique. Toutes les conditions nécessaires pour qu'il puisse y avoir encore une activité tellurique puissante ; et Irma d'ajouter cette réflexion pas anodine non plus : « 1 million d'années, juste pour nous »
et Miss Mc Craw se replongeant dans sont rêve comme hypnotisée pendant qu'on entend de nouveau ce bourdonnement typique d'une présence et d'une activité mystérieuse.

Les filles ne sont pas encore arrivées mais d'autres pique-niqueurs sont déjà là à l'ombre près du rocher, Michael, un charmant jeune homme qui se fait royalement chier avec sa tante et son oncle le colonel Fitzhubert ; le silence pesant d'un ennui mortel.

Picnic at Hanging Rock - Les Fitzhubert pique-niquent

La tante de Michael lui propose de reprendre du gâteau, il n'a plus faim et prétexte d'aller se dégourdir les jambes ; en fait, il va s'encanailler avec le garçon d'écurie, homme à tout faire, qui a un accent tel que Michael a un moment du mal à le comprendre, la différence des classes sociales est très clairement mise en évidence ici entre le jeune neveux bourgeois et le serviteur ; tout en échangeant des propos sur le fait que Les Fitzhubert on déjà fini de manger alors qu'il n'est pas plus de midi, le garçon d'écurie provoque Michael en lui proposant sa bouteille (de bière ?) mais en ne la tendant pas jusqu'à lui pour qu'il fasse un geste pour la prendre, geste qu'il fait après une hésitation surprise ; il essuie rapidement le goulot sur le revers de sa veste avant de boire (nos microbes ne sont pas de la même classe sociale non plus) et rend la bouteille au serviteur de la même façon qu'il lui avait tendu. Il y a pendant toute cette scène beaucoup d'expressions et de jeux d'acteurs subtiles pour traduire la gène amusée qu'on ces deux humains face à face partageant la même bouteille, mais pourtant d'une classe sociale si différente.
Et pourtant Marivaux l'a bien dit dans L'éducation d'un prince : La nature ne fait pas des pauvres et des riches, elle ne fait que des hommes, le sang des nobles n'a pas une nature différence de celui des serviteurs. C'est peut-être ce message que Michael cherche à recevoir en venant parler avec son garçon d'écurie.

Picnic at Hanging Rock - Bertie et Michael

Le convoi des jeunes vierges arrive, Miranda descend rapidement pour ouvrir la barrière de l'ère de pique-nique mais se retourne subitement, surprise par un envol d'oiseau effrayés, les chevaux ruent dans leur brancards, quelque chose de surnaturel se passe ; très belle superposition du visage de Miranda inquiète et du vol d'oiseaux

Picnic at Hanging Rock - Miranda surprise par les oiseaux

Les filles trinquent à la Saint-Valentin et Miranda coupe le gâteau en forme de coeur ; bourdonnement mystérieux.

Pendant ce temps, au collège, la directrice Missis Appleyard vient interroger Sara qui est consignée, en colle, qui doit avoir apprise un poème par coeur, mais elle ne le sais pas, disant qu'il n'a aucun sens et qu'elle en connaît un autre, une ode à Saint-Valentin ; mais où l'avez-vous trouvé lui demande Missis Appleyard ? Je ne l'ai pas trouvé, je l'ai écrit. Elle commence à le réciter, aussitôt stoppée par la directrice. On comprend ici que la créativité n'est pas de bon ton dans ce collège.
Une dernière fois la directrice demande à Sara de réciter son poème, qui répond une fois de plus qu'elle ne peut pas, mais d'une façon qui veut dire qu'elle ne veut pas.

Picnic at Hanging Rock - Missis Appelyard et Sara qui ne sait pas son poème

Sara, orpheline traumatisée et rebelle, qui ne se tient pas droite comme l'éducation rigide l'exige, et c'est pour ça qu'elle est la souffre douleur. Si dans une demie-heure elle ne sait pas son poème sur le bout des doigts elle sera punie d'aller se coucher sans attendre le retour de ses camarades.
La directrice sort, sara s'effondre de tristesse sur sa table, appelant quelqu'un et Miranda :
« Bertie ! Bertie ! Jesus, where are you ? Oh, Miranda ! »

Picnic at Hanging Rock - Sara triste

On retourne près du rocher, tour d'horizon des filles dans des poses lascives, lisant des poèmes, se caressant les cheveux, Miss Mc Craw mange une banane rire
Mister Hussey s'aperçoit tout à coup que sa montre à gousset est arrêtée, pile à midi (pendant que Mademoiselle de Poitiers fini de réciter un poème en français, Il pleure dans mon coeur extrait du recueil "Romances sans paroles" de Paul VERLAINE). Miss Mc Craw sort la sienne, idem :
« Stopped to twelve » elle ne s'est jamais arrêté avant, il doit y avoir quelque chose de magnétique.
Puis pendant que Mister Hussey se préoccupe de l'heure qu'il doit être et de la promesse à Missis Appleyard de rentrer au collège pour 8 heure du soir, on revoit une dernière fois Miss Mc Craw qui mange sa banane, d'un bref mouvement de tête, elle la regarde comme intriguée, est-ce la première fois qu'elle en mange une, est-ce que la forme phallique de ce fruit et le fait de l'avoir mis dans sa bouche lui réveille un questionnement de bonnes moeurs, c'est étonnant l'insistance de ce plan, est-ce voulu par Peter Weir, est-ce improvisé ?

Les voici tous hors du temps, réflexion philosophique d'Edith qui pourtant n'a pas l'air la plus érudie : Excepté pour ces gens là en bas (les Fitzhubert) nous pourrions être les seuls être vivants sur toute la terre.
Donc une sensation intemporelle et aussi hors de toute notion spatiale.
L'image qui va bien avec et la musique (flûte de pan et orgue)

Picnic at Hanging Rock - La sieste, hors du temps et de l'espace

Les fourmis pas romantiques non plus, ont envahis les restes du gâteau.
Marion demande à mademoiselle de Poitiers si elle peut aller prendre des mesures du rocher avec Irma et Miranda ; moment d'hésitation, regard vers Miss Mc Craw qui est plongé dans un livre, imperturbable... « Et bien. Allez ! » (en français)
Après la promesse de rentrer pour l'heure du thé, les filles partent avec Edith la petite boulotte renfrognée qui demande à venir aussi. Une fois éloignées, Miranda se retourne pour faire un au revoir de la main à mademoiselle de Poitiers qui lui rend avec son mouchoir, on sent dans le visage de Miranda qu'elle sait que ça n'est pas un au revoir mais un adieu, c'est la dernière fois qu'elles se voient. C'est là que je trouve merveilleux qu'en deux ou trois seconde une expression de visage puisse avoir une signification si profonde qui nous renseigne ici sur l'état d'âme de Miranda qui est déjà sur une autre planète.

Picnic at Hanging Rock - Les adieux de Miranda

Mademoiselle de Poitiers qui était plongée dans un livre de peintures de Botticelli, sursaute sur une réflexion : Maintenant je sais. Qu'est-ce que vous savez ? lui demande Miss Mc Craw sortant brusquement de sa lecture : Je sais que Miranda est un ange de Botticelli.

Picnic at Hanging Rock - Ange de Botticelli

et Miss Mc Craw restant avec une très fine expression du visage disant qu'elle aussi vient de comprendre quelque chose.

Les 4 filles arrivent près d'un ruisseau qu'elles doivent traverser, Edith, le boulet de l'équipe, maladroite et peu souple, malgré bien des précautions ne parvient pas à éviter de poser le pied dans l'eau.

Picnic at Hanging Rock - Edith pied dans l'eau

Il se trouve que Michael et son serviteur sont juste à côté et voient la scène, le garçon d'écurie siffle vulgairement comme les gars sifflent les filles ; pendant que les trois autres filles passent le ruisseau, des réflexions à Michael du même ton léger et populaire : Beau brin de fille, regardez les formes de la brunette, on dirait un sablier (là c'est pas une expression très française il faudrait trouver une correspondance) Jetez un oeil à la dernière, la blonde (Miranda) Jolie paire de jambes, allongées jusqu'à la croupe.
Michael offusqué : Ne dites pas de telles grossièretés.
- Je les dit, vous les pensez. On pense tous la même chose des filles. peut importe qu'on sorte du collège ou de l'orphelinat comme moi et ma petite soeur.
- Vous êtes orphelin ?
- Je n'avais plus pensé à ces connerie depuis des lustres.


Avec cette confidence, Michael fait connaissance avec son serviteur, ça va faire naître une complicité entre eux.
Dans la bourgeoisie, on embauche des gens sans savoir trop d'où ils viennent, ou plutôt on fait semblant de ne pas le savoir, c'est bien pratique pour les exploiter.

Miranda passe le ruisseau la dernière, image au ralentit, légèreté, grâce

Picnic at Hanging Rock - Miranda passse le ruisseau

C'est le fantasme des hommes sur les jeunes vierges qui surgit avec toutes les pulsions sauvages qui vont avec, comme dans le roman "Le parfum" de Patrick Süskind ou l'opéra "Les maîtres chanteur de Nuremberg" de Richard Wagner avec la bataille dans une rue de cette ville de Bavière, à onze heure du soir, veille de la Saint-Jean, parce qu'un notable a promis sa fille (vierge forcément) en mariage à qui gagnerait le concours de chant annuel.

Le sang de Michael ne fait qu'un tour, fasciné par le visage de Miranda, peut-être la femme idéale dont il rêve depuis toujours ; il prétexte (encore, c'est une manie) d'aller se dégourdir les jambes avant de repartir, il traverse le ruisseau pour suivre les filles, le serviteur surprit de la supercherie se sent un peu floué.

L'escalade commence, musique de piano modulante avec fond de choeur aux couleurs de certains morceaux étranges des groupes de Rock "Pink Floyd" ou "Yes", l'atmosphère surnaturelle commence, les filles s'arrêtent devant un premier panorama du rocher, fascination, attirance irrésistible.
Puis Edith la boulotte commence à se détacher psychologiquement des trois autres, à se plaindre, devient vraiment un boulet.
La montée vers le sommet continue, parcours labyrinthique entre les pics du rocher, bourdonnement sonore, alors que Irma, Edith et Marion sont filmées à vitesse normale, Miranda passe dans le champ de la caméra juste après au ralentit, l'espace temps se déforme.
Une vue du rocher qui ressemble à un visage, qui reviendra plein de fois dans la suite du film avec d'autre vue de rocher qui ressemble à des visages.

Picnic at Hanging Rock - Rocher en forme de visage

Miranda : On ne peut pas aller plus loin, on a promis à Mademoiselle de ne pas s'absenter longtemps.
Pose, échange poétique complice entre Irma et Miranda sur le bord d'un trou de roche.
« Si seulement on pouvait rester ici toute la nuit, et regarder la lune se lever. »

Picnic at Hanging Rock - Irma et Miranda poetisent

Edith est non seulement un boulet mais aussi une cafteuse :
Blanche (qui donc est aussi une cafteuse) dit que Sara écrit des poèmes aux petits coins, elle en a trouvé un parterre qui parlait de Miranda.
Et Miranda lui répond : Elle est orpheline.
D'un air de lui dire en ces trois mots : Petite bourgeoise sotte et monomanïaque collectionneuse d'images, aies un peu de compassion pour Sara qui a eu elle, une enfance malheureuse.
Puis Irma raconte :
Sara me fait penser à un daim que papa avait ramené à la maison, je me suis occupé de lui, mais il est mort, maman disait qu'il était condamné.
- Condamné, qu'est-ce que ça veut dire demande Edith.
- Condamné à mourir bien sûr.

Puis Irma commence une poésie dont elle ne se souvient pas de la suite.
Edith qui s'évente depuis un moment avec son chapeau dit qu'elle doit être condamnée, qu'elle ne se sent pas bien du tout.

Les marquages socioculturels nous enferment dans des pièges dont il est parfois difficile de s'échapper sans faire une révolution sociale ou spirituelle. Dans certain pays, certaines familles sont condamnées à être laveurs de chiottes (WC toilettes) il est socialement impossible aux enfants de ces familles de pratiquer une autre profession, c'est une forme de dictature, certains sont obligé de quitter leur région assez loin pour être sûrs de ne pas être connu pour leur héritage professionnel obligatoire, et pouvoir faire des études pour s'en sortir du piège.
De quel piège socioculturel veulent s'échapper les filles du collège Appleyard ?

Irma, Miranda et Marion enlèvent leur chaussures et leurs bas noirs, elles reprennent l'ascension en procession, comme hypnotisées, Edith se sent larguée.

Marion aperçois les Fitzhubert en contrebas, réflexions mystiques très profondes :
Que peuvent bien faire ces gens en bas ? On dirait des fourmis. C'est étonnant comme nombre d'humains errent sans but. Quoiqu'il soit probable qu'ils remplissent une mission inconnue d'eux-même.

N'est-ce pas exactement le cas d'un grand nombre d'humains encore aujourd'hui au début du vingt et unième siècle,
ces masses d'humains exploités, enfermés dans des schémas socioculturels, des religions castratrices qui les font souffrir et dont ils ne peuvent plus s'échapper. Il y a de quoi méditer là-dessus, que des réflexions à se faire pour soit-même.

Et Miranda d'ajouter comme inspirée subitement par un message cosmique :
Tout commence et fini exactement au moment et à l'endroit prédit.
Le même genre de phrase que prononce le messager tout au long du Film "Le Dibbouk" (The Dybbuk)
Irma Miranda et Marion sentent qu'elles sont venu pour une mission précise sur la terre, et que c'est ici et maintenant sur ce rocher que va se réaliser une étape de leur existence. C'est une connexion cosmique comme dans le film "Darkcristal".

Les filles continuent l'ascension puis s'effondrent simultanément d'un seul coup comme sous l'effet d'un somnifère.
Des fourmis se promènent sur leurs pieds, un gros lézard passe, bourdonnement mystérieux.

En bas, tout le monde fait la sieste, seule Miss Mc Craw est toujours plongée dans son livre, et soudainement comme frappée d'une illumination cosmique en comparant le rocher et les formes géométriques de son livre.

Retour sur le rocher où les quatre filles se sont évanouies, elles se réveillent toutes ensembles, reprennent l'ascension silencieusement comme hypnotisées, sauf Edith qui se plaint de se sentir mal.
A partir de là, Edith continu a être filmée en vitesse réelle, et les trois autres au ralentit, elles sont dès à présent dans deux dimensions temporelles qui ne communiquent plus.
Miranda Marion et Irma montent vers un couloir entre deux rochers, Edith qui ne comprend rien de ce qui se passe, les appellent, elles ne l'entendent plus

Picnic at Hanging Rock - Départ de Miranda, Marion et Irma

Edith panique, quand Irma disparaît de sa vue, Edith hurle d'effroi comme éblouie, puis redescend en courant dans une atmosphère rougie.

Au collège, la directrice dans son bureau s'inquiète que les filles ne soient pas rentrées à l'heure prévue.
Elle sonne la femme de chambre Minnie qui est au lit avec son amant ? (ou son mari ?) Tom, un autre homme de maison, ce sont les seuls dans ce microcosme qui ont une vie sexuelle normale, toutes les professeurs sont des demoiselles, la directrice est veuve.

Encore plus tard (22h30) le retard devient lourdement inquiétant, tic tac de l'horloge.
Enfin la voiture arrive, Missis Appleyard et le personnel descendent l'escalier, Mademoiselle de Poitiers sort de la voiture en pleurs, incapable d'expliquer ce qui vient d'arriver, c'est le chauffeur qui propose de prendre le relais en privé.
(dans la version française, Mister Hussey appelle Missis Appleyard "Mademoiselle" grave erreur de traduction)
Pendant que les filles traumatisées montent l'escalier, Sara arrive en chemise de nuit et cherche désespérément Miranda, comme dans l'opéra "Tannhauser" de Richard Wagner quand les pèlerins reviennent de Rome en chantant un cantique, et que Elisabeth cherche désespérément son aimé Tannhauser dans la procession, qui n'y est pas car il n'a pas été pardonné de ses pêchés par le pape. Moment de profonde détresse

Picnic at Hanging Rock - Sara vient chercher Miranda

Le chauffeur annonce la disparition des Trois fille et de Miss Mc Craw mais sans pouvoir donner d'explication sur ce qui s'est passé, c'est ça le problème qui restera entier jusqu'à la fin.
L'enquête policière commence, une battue avec des chiens est organisée sur le rocher.
On interroge Edith encore sous le choc dans sa chambre, est-ce qu'il y avait un homme ?.
Missis Appleyard demande au médecin en privé si Edith n'a pas été violentée (violée).
« I have examined her. She is quite intact. » répond le medecin.
(dans la version française, le médecin répond : "non je suis formel, ce qui est atteint chez elle, ce sont les nerfs et c'est très grave" mort de rire)

Enquête sur le rocher avec Edith qui se souvient seulement que quand elle courait pour redescendre, elle a vu un nuage rouge, a croisé Miss Mc Craw (qui est donc monté aussi après sont illumination) et ajoute pudiquement dans l'oreille de Mademoiselle de Poitiers que Miss Mc Craw n'avait plus sa jupe et ne portait qu'une culotte. Mademoiselle de Poitiers traduit au sergent : « Les pantalons, She had no skirt. Juste les pantalons. »
Encore une très belle petite touche frenchie

C'est ici que, quand j'ai vu ce film dans un cinéma (à Paris France il y a fort longtemps) il me semblait qu'il y eut une scène dans laquelle on voyait clairement le moment où Edith descendant en courant, croisait Miss Mc Craw qui montait et justement en culotte ; est-ce l'imaginaire ? ça serait beau aussi.

Le Sergent Bumpher vient chercher un vêtement de Miranda dans sa chambre commune avec Sara, une dernière tentative, pour les chiens dit-il à Sara, elle s'effondre de douleur sur son lit

Picnic at Hanging Rock - Sara profondément triste

on sent qu'elle est très amoureuse et que c'est son bonheur qui s'écroule si Miranda ne revient pas.
Il faut avoir vécu ça pour comprendre, n'est-ce pas rire
Introduction du deuxième mouvement du cinquième concerto pour piano de Ludwig van Beethoven dont le thème profondément mélancolique colle tout à fait avec ce que peut ressentir Sara à ce moment, et là, je pleure, forcément.
L'amour de Sara pour Miranda vient aussi fortement du fait qu'elle est orpheline et que, séparé de son frère qu'elle n'a pas revu, sa seule famille est Miranda comme soeur de coeur.

Les recherches continuent sur le rocher, le chien s'arrête net devant le dernier gros pic, comme si des ondes ont effacé les odeurs à partir de cet endroit.

De son côté, Michael ne sait quoi répondre quand le Sergent Bumpher lui demande à quoi il pensait quand il a vu les filles passer le ruisseau, la question est gênante et un peu pervers d'ailleurs, forcément il pensait à la violer... pfff. Mais non, pour Michael c'est beaucoup plus romantique, il pense toujours à Miranda.

Près d'un lac ou se prépare une réception, rapide association de l'image de Miranda avec un cygne.
Un quatuor à corde joue le mouvement lent de "Une petite musique de nuit" de Mozart ; fuyant les mondanités, il s'échappe pour aller encore s'encanailler avec le garçon d'écurie dans un cabanon voisin.
Michael obsédé, qui se réveille en sueur le matin, refuse de croire que tout espoir est perdu de retrouver les filles, elles sont peut-être en train de mourir de soif alors qu'eux sont en train de boire une bière bien fraîche, à quoi lui répond le garçon :
C'est la différence entre vous et moi
quelle belle pique, et quelle leçon, depuis le début, il éduque Michael à prendre conscience que la différence des classes sociales n'est pas une logique humaine.
Michael est décidé à aller à Hanging Rock chercher les filles et demande au garçon d'écurie de l'accompagner, mais devant sont mutisme et sa résignation (à quoi bon, elles sont déjà mortes) il décide d'y aller seul.

Réapparition de la musique haletante et obsédante de piano modulante avec fond de choeur et synthétiseur.
Michael part tôt le matin, surprise, le garçon d'écurie l'attend avec deux chevaux pour l'accompagner, très bel échange silencieux, renforcement de la complicité amicale.

Arrivée au rocher, on voit les animaux locaux, une araignée, un oiseau, et un autre genre de perroquet, un koala, comme des observateurs, maîtres des lieux.
Tous deux commencent l'exploration du rocher mais se perdent rapidement de vue, il est tard, le Garçon d'écurie l'appelle pour rentrer, Michael pique un morceau de papier sur une brindille pour marquer le point où il est arrivé avant de redescendre, puis une fois en bas, décide de rester toute la nuit et laisse repartir le garçon qui doit raconter un bobard (canular, hoax) à l'oncle Colonel.

Chacun médite dans son coin, hanté par cette histoire incroyable et inexplicable de jeunes vierges disparues.

Michael reprend ses recherches au petit matin après avoir retrouvé sa marque de la veille et continu à accrocher des morceaux de papier aux branches d'arbres. Il repasse par tous les couloirs où sont passées les filles, même fond sonore surnaturel, même prise de vue au ralenti pour monter la déformation temporelle, puis au même endroit que les filles, il s'effondre comme sous l'effet d'un somnifère, dans un délire inconscient il rêve de plusieurs répliques (voix of) du pique-nique auquel il n'était pas, puis de la dernière scène de l'ascension des trois fille et se réveille sur le hurlement d'Edith comme si le magnétisme du lieu avait tout enregistré et lui avait réécrit dans le cerveau (musique : thème Sound Sleeper) . Il reprend l'ascension en transe, jusqu'au lieu de la disparition, mais gesticulant et semblant rester cloué au sol comme un insecte qu'on presserait du doigt pour l'empêcher d'avancer, comme si une force lui refusait l'accès.

Picnic at Hanging Rock - Michael près du but

Le garçon d'écurie revient le chercher, retrouve rapidement le chemin par les marques de papier de Michael

Picnic at Hanging Rock - Marques papier de Michael

et sans passer par la case somnifère (puisque lui est australien même s'il n'est pas un aborigène, et de surcroît de basse classe, il n'est pas un envahisseur, les forces surnaturelles ne le touchent pas) retrouve Michael devant le passage magique de la disparition, immobile et traumatisé les yeux ouverts, blessures au visage

Picnic at Hanging Rock - Découvert de Michael traumatisé

là aussi la musique (Sound Sleeper) est essentielle, effet paranormal garantit accentué par un gros plan sur le visage.

Picnic at Hanging Rock - Michael traumatisé en gros plan

Le garçon d'écurie cherche des secours, on descend Michael sur un brancard toujours traumatisé immobile, en transe, muet, les yeux ouverts, et après qu'on l'a hissé dans la voiture, et avant qu'elle démarre, face au garçon d'écurie qui voudrait lui parler, Michael lui montre son poing fermé pour lui dire qu'il contient quelque chose qu'il garde secrètement

Picnic at Hanging Rock - Le secret de Michael

transmission du secret, très belle image qui pourrait symboliquement confirmer l'amitié virile qui s'est créée entre ces deux gars, et la confiance de Michael envers son serviteur qui est devenu aussi son professeur

Picnic at Hanging Rock - Transmission du secret de Michael

Michael toujours rigide et muet continuant à le regarder fixement tout en s'éloignant, la voiture part laissant le garçon d'écurie sur place, qui ouvre lentement sa main et découvre... tin tin tin !

Picnic at Hanging Rock - Le morceau de dentelle

un morceau de dentelle de la robe d'une fille ; aussitôt il se précipite de nouveau vers le sommet magique et retrouve tout en haut à l'entrée d'une grotte, peut-être le lieu qui s'appelle "Black hole of calcuta" (sur la carte d'exploration, en bas à droite près du creux dans la boucle du chemin).

Picnic at Hanging Rock - Découverte d'Irma

Irma vivante dans le coma depuis une semaine.
Miracle incroyable.

À cette annonce au collège, les filles se réjouissent, sauf Sara qui n'a pas retrouvé sa Miranda chérie.

C'est la catastrophe pour Missis Appleyard, Si toutes avaient été retrouvées, mais une seule c'est bien pire, les journaux ont répandu le fait divers partout dans le monde, trois des parents ont déjà prévenu qu'ils ne réinscriraient pas leur fille l'année suivante, l'image de l'institution est tombée, c'est le début de la décadence.

Irma est en convalescence chez les Fitzhubert, après une visite silencieuse de Michael (ils reviennent de la même aventure) un médecin vient l'examiner, ses blessures sont étranges, illogiques, une semaine dans le bush (buisson ?) et rien de plus grave qu'un choc et une hypothermie, aucun os de cassé, seulement quelques coupures et des bleus au visage et aux mains, surtout aux mains, les ongles sont tous retournés et cassés ; d'autres signes inhabituels : sont crâne est couvert d'hématomes, commotion cérébrale ? une chute un coup, mais si c'est une chute, pourquoi le reste du corps n'est pas touché et là encore ont se rassure qu'elle n'a pas été violée.
Irma a exactement la même blessure au front que Michael.
Une servante s'inquiète de ne pas avoir retrouvé le corset dans les vêtements d'Irma, très symbolique comme image, la disparition du carcan.

Conversation entre Tom le mari de Minnie et le jardinier Mister Whitehead dans la serre, Tom veut qu'il y ait une explication rationnelle à cette disparition, mais le jardinier un peu mystique :
Certaines questions ont des réponses, d'autres non.
et Tom d'insister : Il doit y avoir une explication, il le faut.
alors le jardinier lui demande :
Savais-tu que certaines plantes peuvent bouger ?
- non.
(d'un air qui veut dire impossible)
alors le jardinier en caresse une dont les folioles se referment.
Mimosa pudica, plante sensitive
mimosa pudica
la photo n'est pas du film mais de ce site www2.ville.montreal.qc.ca plus de détails sur www.snv.jussieu.fr

Convocation de Sara par Missis Appleyard pour la prévenir que son tuteur qui n'a plus réglé les frais, n'a pas répondu aux courrier de rappel depuis six mois et que sans réponse, Sara aura un régime scolaire amaigrit et que si rien n'est réglé avant Pâques, Sara devra quitter le collège, c'est à dire pour elle, sous entendu, retourner à l'orphelinat.

Sara rentre dans une grande déprime, ne veut plus manger. Elle explique à Minnie la femme de chambre qu'elle avait un frère à l'orphelinat qui s'appelle Bertie, et des scènes traumatisantes qu'elle y a vécu ; on comprend que Sara soit une rebelle et son comportement subversif, de ne vouloir se plier au carcan de ce mode d'éducation éculé et pervers.

Minnie retrouve son amant et lui confie sa tristesse pour les enfants, pas seulement celles qui ont disparu, mais aussi celles du collège, à quoi il répond que leurs parents roulent sur l'or, mais Minnie lui dit que non, certaines sont orphelines ou pupilles.

Flûte de pan et orgue

L'atmosphère générale semble se détendre, mais chacun continu à méditer sur son vécu, Mademoiselle de Poitiers de souvient de son illumination en voyant les peinture de Botticelli, Missis Appleyard rumine sa déchéance qui pointe, Michael se réveille la nuit avec une hallucination d'un cygne au pied de son lit, Sara commence à faire le deuil de Miranda.

Beethoven.
Mademoiselle de Poitiers visite Irma sortie de son coma, tendres retrouvailles, étreinte, éclatement en sanglots, mais Irma est comme tétanisée, le regard perdu dans un profond vide intérieur.

Picnic at Hanging Rock - Retrouvailles De Mlle de Poitiers et Irma

Miss Mc Craw, Miranda et Marion ont atteint un niveau de conscience qui leur permet de s'échapper et passer dans un monde parallèle par une porte cosmique dans ce rocher, comme dans le film "Stargate" ou bien des extra-terrestres sont venu les chercher en soucoupe volante ?
Mais Irma n'était pas élue pour ce voyage ; son vrai traumatisme maintenant c'est qu'elle ne se souvient de rien.

Michael toujours hanté par Miranda, a des visions fugitives

Picnic at Hanging Rock - Vision fugitive de Michael

la vison disparaît puis un cygne s'approche de lui, Michael distrait par un bruit d'ailes, et le cygne disparaît à son tour.

Mademoiselle de Poitiers visite Sara, la surprend en train de parler amoureusement à l'image de Miranda, elle la console lui disant qu'elle ne reviendra peut-être pas, alors Sara lit dit que Miranda sait tant de choses que les autres ignorent, des secrets, elle savait qu'elle ne reviendrait pas. C'est peut-être ça le plus grand drame de Sara, quelle ait compris que Miranda ne reviendrait pas, mais espérant toujours, car c'est l'amour de sa vie.

Irma remise sur pied visite avec Mademoiselle de Poitiers ses camarades au cours de danse donné par la rigide Miss Lumley, une professeur rigide pour un cours de danse, étonnant non ?
Miss Lumley joue au piano Gwyr Harlech (Men of Harlech) de John THOMAS (1826-1913) pour accompagner les filles.
Mademoiselle de Poitiers leur propose de parler dix minutes avant qu'Irma partent en Europe chez ses Parents. L'accueil est glacial, les camarades restent d'abord muettes, puis éclatent violemment en hystérie collective, cris d'effroi et pleurs, harcelant Irma de questions sur la disparition :
Dis-nous Irma.
- Qu'est-il arrivé à Miranda ?
- Dis-nous ce qui s'est passé.
Picnic at Hanging Rock - Cri d'horreur
Picnic at Hanging Rock - Hystérie collective
Dis-nous, tu sais où elles sont.
- Elles sont mortes.
- Elles gisent dans une affreuse grotte
- remplie de chauves-souris !
- Elles sont en train de pourrir et tu sais où !


Irma repart traumatisée sans avoir dit un mot. Quelqu'un appelle Mademoiselle de derrière, c'est Sara, privée de Danse et cruellement punie et attachée par Miss Lumley sous prétexte que c'est pour son bien, pour qu'elle se tienne droite.

Picnic at Hanging Rock - Sara punie au cours de dance

Missis Appleyard complètement ivre, raye des noms de pensionnaires dans son registre, Miss Lumley vient timidement lui donner sa démission, Missis Appleyard ressort son verre du tiroir pour se resservir un Whisky, elle n'arrive même plus à porter le verre à sa bouche

Picnic at Hanging Rock - Missis Appleyard alcoolique

On pourrait mimer de deux façons différentes la façon de fumer :
la première c'est le bras qui approche la cigarette des lèvres, on dira que les choses viennent aux riches ;
le deuxième c'est le visage qui s'approche de la cigarette pour tirer une bouffée, on dira que les pauvres vont aux choses.
Missis Appleyard retombe doucement dans sa pauvreté spirituelle.

Missis Appleyard va annoncer sèchement à Sara dans sa chambre, qu'elle l'a renvoie à l'orphelinat ; Sara reste dans son lit d'abord terrorisée, puis avec un sourire de résignation, comme si c'était l'élément qui lui manquait pour l'aider à prendre une décision.
Missis Appleyard retourne dans son bureau et se met à pleurer devant sa déchéance, sa photo quand elle était jeune

Picnic at Hanging Rock - Missis Appleyard jeune

celle de son mari défunt

Picnic at Hanging Rock - Mister Appleyard jeune

le portrait de la reine Victoria sur fond de drapeau anglais

Picnic at Hanging Rock - Portrait de la Reine Victoria
un portrait sur www.cosmovisions.com qui ressemble bien à celui du film.

Scène terriblement pathétique avec juste une simple note de musique tenue qui souligne le tout d'un effet remarquable qui pourrait symboliser le surnaturel aborigène et sa sournoise vengeance contre cet envahissement culturel.
Et aussi la preuve qu'une musique de film peut parfois être simple pour remplir sa fonction.

Sara sort de sa chambre, pour aller où ?

Ici, au cinéma, j'avais cru entendre le bruit d'une chute et de verre cassé.

Le garçon d'écurie raconte son étrange rêve de cette nuit à Michael :
Il y avait une odeur très forte, comme si je ne dormais pas. Un silence de mort. Ça sentait les pensées (les fleurs) Tout était éclairé comme en plein jour, mais il faisait nuit noire. Elle est apparue. Michael pensant qu'il parle de Miranda lui demande : Qui ?
- Ce n'est qu'un rêve ! Ma petite soeur. Je ne l'ai pas vu depuis l'orphelinat. Elle adorait les pensées. Elle est devenue comme... floue. J'ai crié : « Sara, ne t'en va pas ! » elle a dit : « Au revoir Bertie. Je suis venue de loin. Je doit repartir. » et elle a disparu. Elle a traversé le mur.


Ici on comprend que Le garçon d'écurie des Fitzhubert est Bertie le frère de Sara, il auraient pu se rencontrer à Hanging Rock si Sara n'avait pas été consignée au collège. Le destin ?

Retour dans le bureau de Missis Appleyard qui raconte un énorme mensonge bien ficelé à mademoiselle de Poitiers :
Le tuteur de Sara serait venu ce matin la chercher. Mademoiselle s'inquiétant si elle était en état de voyager dit qu'elle aurait pu l'aider à faire ses valises, Missis Appleyard en rajoute une couche, le tuteur était pressé de partir.
Mademoiselle restant un peu surprise, mais gobant tout naïvement.
Est-ce du rouge que je vois sur vos joue Mademoiselle ?
- De la poudre madame, ça m'a parut de bon ton.

Oui, pour que la tronche rouge d'alcoolique de la vieille fasse moins contraste.
Une fois Mademoiselle sortie, elle se rassoit lourdement, gêner de l'énormité du mensonge qu'elle vient de lui faire gober.

Les jeunes filles partent en vacances, Mademoiselle salue la voiture qui s'éloigne, une dernière fois en français :
Au revoir mes enfants, au revoir, au revoir.

Dîner aux chandelles

Picnic at Hanging Rock - Dîner aux chandelles

Soirée, Missis, et Mademoiselle qui se fait royalement chier avec cette vieille alcoolique décadente qui lui raconte les souvenirs pleins de nostalgie de ses vacances avec son défunt mari Arthur à Bornemouth, un endroit charmant où rien n'avait changé en quarante ans et où tout était toujours immuablement merveilleux, la jetée, le sable, les habitants, et la pension de famille, une maison si sérieuse, d'un sérieux remarquable.
Et proposant à mademoiselle de reprendre un peu de Whisky pour lui tenir compagnie dans sa dépravation, qu'elle lui refuse, Missis Appleyard se rattrape de justesse à la nappe pour le pas s'écrouler tellement elle est ronde comme une queue de pelle (saoule).
Revenant tout à coup sur terre, elle enchaîne avec gravité :
J'étais devenu dépendante de Greta Mc Craw, une intelligence si masculine. Je me reposais sur elle, je lui faisais confiance. Comment a-t-elle pu se laisser enlever, perdre, violer, se laisser tuer de sang froid comme une stupide écolière sur ce misérable rocher.
Ah, tiens ! là aussi il y a un bon gros noyau lesbien.
Les femmes de chambre et le jardinier qui épient la scène, inquiets du devenir de leur directrice, la situation devient critique.

Picnic at Hanging Rock - Les curieux

Mademoiselle profitant de cette parenthèse plus grave pour glisser une question :
Sara Waybourne reviendra-t-elle au trimestre prochain ?
Missis Appleyard toute gênée et surprise, éludant la réponse en retombant plus ou moins volontairement dans son délire éthylique et son radotage :
Où en étais-je ? Ah oui ! Bornemouth ; quel endroit charmant. Rien n'y change ; jamais.

Le matin, le jardinier vient voir ses plantes dans la serre, des morceaux de verre parterre, quelque chose est tombé de la maison, il cherche le lieu de la chute, entre les plantes, Sara, morte

Picnic at Hanging Rock - Sara morte

Le jardinier court l'annoncer à la directrice, curieusement assise à son bureau, déjà en tenue de deuil, le regard fixe devant elle, elle tourne doucement la tête vers le jardinier, impassible, immobile, le tic tac de l'horloge se tait comme si le temps s'était définitivement arrêté

Picnic at Hanging Rock - Missis Appleyard en deuil

cette image reste pendant que le narrateur raconte la fin de l'histoire, mais ça n'est pas un plan fixe, Missis Appleyard cligne des yeux.
Mouvement lent du 5e concerto de Beethoven :

Le corps de Missis Arthur Appleyard, directrice du collège Appleyard, fut retrouvé au pied de Hanging Rock le vendredi 27 mars 1900. Bien qu'on ignore les circonstances exactes de sa mort, elle serait tombée alors qu'elle escaladait le rocher. Les battues pour retrouver les disparues se poursuivirent pendant quelques années, sans succès. A ce jour, leur disparition reste un mystère.

Mais... le 27 mars 1900 est un mardi, on est vraiment dans un autre espace temps et un univers parallèle dans cette histoire rire

Superbe effet cinématographique, long balayage au ralenti, en images hachées, de la scène du pique-nique après le goûté, fille qui lit, Miss Mc Craw et sa banane, Miranda qui regarde une fleur à la loupe, Mademoiselle, Mister Hussey qui se lève pour demander l'heure, puis directement sur le geste d'adieu de Miranda à Mademoiselle jusqu'à ce qu'elle se retourne, arrêt sur image floue.

Picnic at Hanging Rock - Adieux Miranda

saturation aux gamma.
Générique avec une faute : Mlle de Portiers
qui est reprise sur beaucoup de sites mais pas sur d'autres comme imdb.com, j'ai un doute maintenant, Poitier, Portier, avec l'accent ça sonne un peu pareil non ?

- Sara s'est-elle suicidée ou Missis Appleyard l'a poussée dans le vide du haut de la terrasse ?
- Pourquoi a-t-elle dû raconter un mensonge à Mademoiselle pour camoufler l'absence de Sara ?
- Pourquoi est-elle déjà en habits de deuil quand le jardinier vient la prévenir qu'il a trouvé Sara morte dans la serre ?
- Pourquoi des familles borgeoises anglaises envoient leur fille en pensionnat en Australie, sinon pour s'en débarrasser parce que les enfants sont une charge, les pauvres gamines ne voient leurs parents que pour les grandes vacances scolaires, 2 mois par an, quel curieuse forme de relation socio-familiale ? Mais leur donner une bonne éducation est aussi un prétexte pour pouvoir en tirer de la fierté après, en tirer partit en les mariant à des garçons de riches familles bourgeoises... Mais au risque de les voir disparaitre, c'est bien fait pour eux !

Certains personnages comme le neveux et son serviteur évoluent spirituellement dans leur comportement, d''autres chutent, la directrice dans l'alcoolisme (dépravation sommeillant sous les apparences bourgeoises), Sara dans le suicide (si ce n'est la vieille qui l'a poussée), toute cette culture s'effondre.

Que d'images et d'atmosphères sublimes, profondes, pas à prendre au premier degré.

Les leçons que j'en tire :
1° Toute culture qui ne guérit pas ses maladies finit par dégénérer.
2° Quelle est notre façon à nous d'être subversif dans notre société malade, de dénoncer tout ce qui va contre le bien-être des humains, et de résister aux carcans socioculturels castrants et sclérosants ?
3° il y a des signes avant coureurs qui montrent quand quelque chose ne va pas dans une société, observons bien le comportement des enfants dans la notre et ce qu'ils veulent nous dire.


- Un documentaire sur Hanging Rock avec une interwiew de Anne Lambert (Miranda)
http://www.youtube.com/watch?v=JtNxcQCbHcg
- Une analyse très bien sentie sur tortillafilms.tortillapolis.org

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